La revue Krisis été créé en 1988 par Alain de Benoist:
«Krisis se définit depuis sa création comme une revue d’idées et de débats. J’y publie très souvent, non seulement des textes sur lesquels je suis en complet désaccord, mais aussi des tribunes libres dont les auteurs soutiennent des points de vue parfaitement opposés. Il n’y a que comme cela que l’on peut se forger librement une opinion. Dans son essai sur L’argent (1913), Péguy disait très justement qu’"une revue n’est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses abonnés". "La justice, ajoutait-il, consiste seulement à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient dans le cinquième. Autrement, je veux dire quand on s’applique à ne mécontenter personne, on tombe dans le système de ces énormes revues qui perdent des millions, ou en gagnent, pour ne rien dire, ou plutôt à ne rien dire." Ce n’était pas mal vu.» En savoir plus >
L'euthanasie
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Vidéo : Les lois Leonetti et Cleays-Leonetti n’ont eu de cesse d’avancer vers la légalisation de l’euthanasie. Présentée systématiquement comme une pratique visant à mourir dans la dignité, ses défenseurs oublient souvent l’importance de l’accompagnement de la fin de vie et le rôle des soins palliatifs, qui ne riment pas avec mort prématurée.
Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’Université Paris-Sud, et Thibault Isabel, rédacteur en chef de la Revue Krisis se pencheront sur cette «euthanasie» tant idéalisée par les media alors qu’elle est souvent la solution de facilité face aux carences de l’assistance des malades en fin de vie.
Entretien : Né
en 1949 à Toulouse. Philosophe, professeur de philosophie politique, directeur
d’études à l’EHESS, normalien et agrégé de philosophie, ancien assistant de
Raymond Aron au Collège de France, Pierre Manent a été en 1978 le co-fondateur de
la revue Commentaire.
Thibault Isabel : La France traverse certainement la période la plus troublée qu’elle ait connue depuis la libération. Cette crise à la fois économique, terroriste et culturelle plonge les citoyens du pays dans un état de doute considérable, qui menace jusqu’à la cohésion nationale. Notre sentiment collectif de déréliction découle-t-il néanmoins réellement des diverses «crises» auxquelles nous sommes actuellement confrontés? Le nihilisme contemporain, l’individualisme et le désinvestissement citoyen ne couvent-ils pas en réalité depuis longtemps? Quelles en seraient dès lors les causes profondes?
Pierre Manent : II me semble que la vague scélérate, comme disent les surfers, qui menace de nous emporter est le résultat…
Entretien : Né en 1947 à Paris. Essayiste, historien de la philosophie, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, Rémi Brague enseigne la philosophie grecque, romaine et arabe à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Il est membre de l’Institut universitaire de France. Thibault Isabel : Qu’est-ce qui définit selon vous la modernité? On a invoqué bien des critères pour expliciter ce terme, comme l’esprit scientifique, l’humanisme, la sécularisation, de nouvelles valeurs morales, etc. S’il fallait tenter d’isoler la quintessence de l’«époque moderne», que resterait-il? Rémi Brague : Effectivement, on ne manque pas de caractérisations de l’époque moderne. Chacune privilégie un facteur et fait des autres les conséquences de celui-ci. Tous ceux-ci sont d’ailleurs d’une grande ambiguïté. Qui peut dire ce que signifie précisément «esprit scientifique», «humanisme»? Et «sécularisation»? Charles Taylor a écrit sur cette dernière n…
Entretien : Professeur de philosophie,
Denis Collin a notamment écrit Morale et
justice sociale (Seuil, 2001), La
matière et l’esprit: sciences, philosophie et matérialisme (Armand
Colin, 2004), Le cauchemar de Marx:
le capitalisme est-il une histoire sans fin? (Max Milo Éditions,
2009), La longueur de la chaîne:
essai sur la liberté au XXIe siècle (Max Milo Éditions, 2001) et
Libre comme Spinoza (Max Milo, 2014). Thibault Isabel : Depuis la chute du mur de Berlin et
l’effondrement du bloc communiste, l’humanité vit grosso modo sous l’égide d’un unique régime socio-économique: le
capitalisme. Ce régime se globalise de manière de plus en plus hégémonique et
convertit progressivement au «modernisme» même les territoires les
plus pauvres et les plus engoncés dans leurs traditions locales, pour en faire
de nouvelles zones de production ou de marché. Le socialisme, qui a pu
apparaître pendant longtemps comme la principale alternative à la logique
libérale, a probablement cessé aujourd’hui d…
Extrait : Comme l'écrit Frédéric London, «la substitution du terme "gouvernance" à celui de "gouvernement" est bien là pour dire le projet général de la dégouvernementalisation du monde, c'est-à-dire de sa dépolitisation». Contre les partisans du «cosmopolitisme», qui croient à la possibilité d'une constitution politique de l'humanité tout entière ─ et contre ceux qui s'imaginent que le politique peut surgir de l'économique ─, il faut en effet rappeler que toute tentative d'unification mondiale fait immanquablement sortir du politique, puisque celui-ci implique une pluralité d'acteurs (il en faut au moins deux).
Parler de «citoyenneté mondiale» n’a donc aucun sens, puisqu’on ne peut être citoyen que d’une entité politique et que le monde n’en est pas une. De même n’y a-t-il de démocratie possible qu’à l’intérieur de frontières territoriales déterminées, car c’est seulement dans un tel cadre qu’il est possible de distinguer entre les …
Entretien : A l’occasion de la parution en Italie de son livre Sesso e genere («Sexe et genre», chez Diana Edizioni), Thibault Isabel accorde un entretien au blog Salotto Erotico Italiano. Paolo Bianchi : Quelle est la diffusion réelle de la théorie du genre aujourd’hui? Jusqu’à quel point cette théorie a-t-elle gagné en influence dans les pays européens? Thibault Isabel : J’éprouve beaucoup d’intérêt pour les études de genre, auxquelles j’ai d’ailleurs été formé à l’université, en France, dans les années 1990, bien avant que ce champ disciplinaire ne devienne à la mode. A l’époque, il s’agissait chez nous d’un objet d’études académiques très marginal, et même extrêmement mal perçu par les autorités intellectuelles en place. Depuis, la situation a évidemment beaucoup changé: l’engouement américain pour l’étude des «rapports sociaux de sexe» a envahi l’Europe, et la France tout particulièrement, au point de devenir une nouvelle doxa universitaire, qui se substitue aux anciens dogmes domi…
Article : Jean-Louis Harouel est professeur émérite d'histoire du droit à l’Université Paris Panthéon-Assas.
Ce qu’on appelle improprement «art contemporain» n’a en règle générale pratiquement rien à voir avec l’art. Pour l’essentiel, c’est de l’anti-art, du non-art, du canul’art. Tout sauf de l’art. Une totale confusion règne dans ce que l’on s’obstine contre toute évidence à réunir sous le terme d’«art», dès lors que l’on prétend désigner par ce mot aussi bien les pires aberrations du modernisme que le précieux patrimoine artistique hérité du passé. Quant aux authentiques artistes actuels, qui continuent courageusement de peindre, dessiner ou sculpter en restant fidèles à la tradition, ils sont purement et simplement niés par la dictature de l’idéologie moderniste, pour qui n’existe comme art de notre temps que le prétendu art contemporain.
La religion du modernisme
L’évidence de ce complet désordre est renforcée par le fameux dogme du nécessaire dialogue entre les artistes du pa…
Extrait : Les Titans et les dieux, Friedrich Georg Jünger, éditions Krisis Dionysos et le Grand Pan La victoire des Dieux olympiens ne se remporte pas sans mal. Réduits à leurs seules forces, les Dieux ne sauraient faire pencher la balance. Pour terrasser les Titans, il faut des Titans. Et même eux ne suffisent pas à vaincre la résistance de Japet, d’Atlas, de ses séides. Il faut maintenant que s’ouvrent les portes des abysses, il faut qu’apparaissent les formidables veilleurs chthoniens qui demeurent perpétuellement dans l’occulte, et ne montent au jour de la conscience et de la lumière que lors des ébranlements les plus profonds. Ils ne viennent que si la totalité du pouvoir est en jeu, si les atteint le tremblement qui parcourt le ciel et la terre et le tréfonds de l’abîme. Alors s’ouvrent d’un coup les portes d’airain du Tartare, dont l’Iliade nous dit qu’il s’étend sous l’Hadès, aussi loin au-dessous que le ciel est distant de la terre. La lutte des Dieux contre les Titans n’impliq…
Frédéric Dufoing, philosophe et politologue de formation, collaborateur régulier de Krisis, détaille l'un des grands chantiers politiques des générations à venir, celui de la démocratie directe. Malgré son invocation permanente et presque dogmatique, le régime démocratique est encore sans doute le plus méconnu et le plus mal appliqué.
Ce n’est un secret pour personne, la démocratie est en crise, en particulier sous sa forme représentative. D’abord, parce que l’Etat, ce fameux monstre froid qui détient le monopole de la violence légitime, n’a cessé d’accroître ses domaines comme ses moyens d’interventions : la puissance de l’Etat sous sa forme actuelle est sans commune mesure avec celle de l’absolutisme du XVIIe siècle ou même du soviétisme et du nazisme; rien ne se fait plus sans ou hors de l’Etat. Il n’y a plus de recours aux forêts possible.
Il est d’ailleurs aussi ridicule qu’hypocrite de jouer l’Etat contre le Marché, comme le fait la gauche, ou le Marché contre l’Etat, comme…
Extrait : L’un des legs de la pensée grecque est que tout ce qui existe se compose d’un et de plusieurs. Le recours au fédéralisme résout le problème, sur lequel je me suis maintes fois penché, de l’articulation de l’Un et du Multiple -problème qui possède une dimension philosophique et théologique tout autant que politique et sociologique.
Fondé sur le principe de subsidiarité, le fédéralisme est le seul système qui concilie la nécessaire unité de décision à la tête avec le respect de la diversité à la base. Il permet de se prémunir à la fois contre l’anarchie et contre le despotisme, de sortir de l’alternative entre l’extension sans bornes du pouvoir central et la dissolution sans fin d’une société uniquement composée de monades ou d’atomes individuels, de trouver une troisième voie entre le totalitarisme oppresseur et le libéralisme antisocial.
C’est un système holiste, puisqu’il conçoit le tout comme plus que la simple somme de ses parties, mais c’est en même temps un système ant…